Film-documentaire sur Ennio Morricone

Au cinéma le Castillet, vendredi 2 septembre 2022 à 18h, projection du film Ennio (2h36) de Giuseppe Tornatore – 2022 – Italie – Belgique.

Critique par Stéphane Jarno    Publié le 04/07/2022 (Télérama)

Un documentaire célèbre le regretté Morricone. Avec de rares confidences du maestro aux cinq cents partitions.

Un concert… de louanges ! Imaginé, porté, réalisé par Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso) Ennio se veut une somme définitive sur la vie et l’œuvre d’Ennio Morricone. Disparu en 2020, l’immense compositeur de musiques de film, l’alter ego musical de Sergio Leone, l’homme aux cinq cents partitions est au cœur de ce documentaire de plus de deux heures et demie. Débuté plusieurs années avant la mort du maestro, illustré par une phénoménale compilation d’archives, le film s’appuie sur une série d’entretiens inédits où, pour la première fois, cet homme très discret évoque sans détour les moments clés de son existence et détaille surtout la genèse de ses partitions. Il faut absolument l’entendre fredonner ses musiques les plus célèbres (Il était une fois dans l’Ouest, Le Clan des Siciliens, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Mission) et expliquer comment il a superposé les thèmes, choisi les arrangements, combiné voix, bruits et instruments pour coller à telle ou telle scène.Ennio Morricone, dix thèmes qui font toujours jazzer

Souvent inspiré, le montage glisse du témoignage à l’image, et permet de (re) découvrir, grâce à de larges extraits de films, comment les intentions d’Ennio Morricone sont devenues partitions. Issu d’un milieu modeste, promis à une carrière de compositeur classique, ce pur produit du conservatoire, que l’on découvre féru de contrepoint et de musique expérimentale, est pourtant passé de l’autre côté du miroir à la toute fin des années 1950. Ce que son maître Goffredo Petrassi et ses anciens condisciples mettront parfois plusieurs décennies à lui pardonner…Ennio Morricone, le chef de la bande originale s’en est allé

Fruit du hasard et de la nécessité, cette « conversion » à reculons est sans doute, avec l’écrasante figure paternelle, l’un des grands drames de sa vie. Voir le vieil homme maintes fois célébré et récompensé trembler encore de colère ou avoir l’œil humide, en remâchant les petites mesquineries et les injustices qui jalonnent son existence, donne une idée de sa sensibilité et de son exigence. Si le film de Tornatore n’évite pas l’avalanche d’éloges lénifiants, certains témoignages, en particulier ceux de Bernardo Bertolucci, Nicola Piovani ou Clint Eastwood, éclairent le génie singulier du maestro, son instinct musical, sa faculté à savoir immédiatement devant l’image quel chemin et quelles sonorités emprunter. Plus qu’un prophète, un visionnaire.

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